[Le Point] L’eldorado du numerique

L’eldorado du numerique

En décembre 2012, l’économie azuréenne a tremblé quand Texas Instruments a annoncé la fermeture de son site de Villeneuve-Loubet, laissant 517 personnes sur le carreau. Mais « d’un malheur nous avons fait une opportunité », confie Yvon Grosso, président de l’Union pour les entreprises 06. Car ce vivier d’ingénieurs nouvellement disponible s’est avéré une aubaine pour les grandes entreprises du bassin niçois. Et, pour certains groupes étrangers, un critère décisif pour venir s’installer sur la Côte d’Azur. « Grâce au personnel de Texas Instruments, notamment, nous avons trouvé les compétences nécessaires à l’implantation de notre centre de R-D », confirme Isabelle Leung, directrice des affaires publiques et de la communication chez Huawei France. Arrivé en septembre dernier, le géant chinois, 3e constructeur mondial de smartphones, s’est installé sur Sophia Antipolis avec une équipe de 20 personnes et prévoit de porter ses effectifs à 30 d’ici à la fin de l’année.

Samsung, Intel, Amadeus, Philips, Freescale… au total, 80 % des anciens salariés de Texas Instruments, presque tous des ingénieurs, ont été reclassés sur Nice ou Sophia Antipolis. « Dans la période que nous traversons, avoir retrouvé pour la majorité d’entre eux une solution et une réponse locale est la preuve d’un dynamisme du secteur numérique », souligne Bernard Kleynhoff, président de la CCI des Alpes-Maritimes. Elément phare de la politique de développement économique azuréenne, les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont plus que jamais un secteur « à fort potentiel » et « un outil formidable pour aller chercher la croissance et créer des emplois », note Christian Estrosi, député maire de Nice et président de la métropole Nice-Côte d’Azur. D’ores et déjà, le pôle Technologies de l’information et de la communication (TIC) concerne plus de 21 000 emplois dans le département, pour un chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros dans les domaines des logiciels, des composants et systèmes électroniques, d’Internet ou des réseaux et télécommunications. Et les embauches dans le secteur ne cessent d’augmenter. En 2013, Team Côte d’Azur, l’agence de promotion et de développement économique des Alpes-Maritimes, a accompagné l’implantation de 29 entreprises d’envergure nationale et internationale sur Nice et Sophia Antipolis, comme Magneti Marelli, Qualcomm ou Freescale. « Sur les 632 emplois créés, 81 % étaient dans le secteur des TIC », commente Jacques Lesieur, directeur général de Team Côte d’Azur.

Ces dernières années, les acteurs azuréens du numérique ont réussi à booster la croissance liée aux technologies de pointe au travers de projets communs et innovants : Smart Cities, Internet des objets, technologie du sans-contact… Une démarche qui a franchi une nouvelle étape en 2014. Ensemble, Nice, Sophia Antipolis, Cannes et Grasse se sont unies autour d’une candidature unique pour décrocher le label French Tech. Cette distinction, créée par le gouvernement en janvier, vise à susciter une mobilisation collective pour la croissance et le rayonnement des start-up du numérique. Portée par un élan sans précédent, la candidature French Tech Côte d’Azur réunit tous les acteurs locaux concernés : les institutionnels, dont la Métropole, le conseil général et la chambre de commerce et d’industrie des Alpes-Maritimes, et aussi les grands groupes, les PME, les clubs de dirigeants, les pôles de compétitivité, ou encore les associations universitaires. « Nous avons la chance d’être sur un territoire où tous les acteurs ont compris qu’il fallait oeuvrer ensemble et partager cette volonté d’aller de l’avant sans être en compétition les uns avec les autres », précise le président de la CCI, Bernard Kleynhoff.
Accélérateurs.

En vue d’obtenir le label French Tech, des initiatives essaiment déjà sur le territoire, avec la création d’accélérateurs privés de start-up. Début octobre, Allianz France annonçait la création d’un accélérateur de start-up digitales spécialisées dans le big data pour juin 2015 au coeur du stade Allianz Riviera, à Nice. Depuis le printemps 2014, Orange Fab, du groupe Orange, accompagne des entreprises dans la commercialisation de leurs nouveaux produits. Amadeus, premier employeur de Sophia Antipolis, devrait lui aussi déployer prochainement son propre accélérateur. Soutien financier et logistique, coaching, conseil en vue de développer des technologies innovantes… « Ces structures vont aider les entreprises à grandir », précise Jacques Lesieur, de Team Côte d’Azur. « Nous sommes là pour détecter nos futurs partenaires et les pépites de demain », ajoute Laurent Londeix, délégué régional Provence-Côte d’Azur chez Orange, qui emploie 1 800 personnes dans les Alpes-Maritimes, dont 500 environ sur Sophia.

Pour créer les emplois du futur, « il est important d’avoir aujourd’hui un territoire qui puisse attirer les 25-35 ans, qui sont les futurs chefs d’entreprise et chercheurs émérites,poursuit Laurent Londeix. Le soleil ne suffit plus, cela passe désormais par un savoir-faire d’expertise, ou encore un rayonnement économique et scientifique à l’international ». Des critères que le bassin niçois a su prendre en compte et qui lui permettent de construire, brique par brique, son écosystème numérique de demain.’

Par Laurence Guidicelli
Source: lepoint.fr

Laisser un commentaire