R&D, big data, réseaux, NFV : BT se met en ordre de marche
‘« Il faut innover autrement, car c’est la fin des technologies telles que nous les avons connues, lance Luis Alvarez, dg de BT global services, la branche entreprise de l’opérateur britannique. Pour inventer un monde et des technologies d’un autre type, l’opérateur britannique a repensé sa recherche et l’intègre complètement à son développement international.
Une semaine après Orange qui présentait son programme d’innovation, Hello, BT donne un coup de projecteur sur sa R&D. Autant Stéphane Richard insistait sur le grand public et plaçait l’innovation sous le signe d’une meilleure recherche de la valeur, autant BT se focalise sur les grandes entreprises et la conquête des marchés mondiaux. En clair, l’opérateur britannique aligne ses capacités de R&D et plus largement d’innovation sur le développement international de ses grands clients. Par une présentation menée devant la presse européenne, dans son fief de l’Adastral Park à Ipswich (où l’Angleterre fabriquait de spitfire durant la dernière guerre mondiale), l’opérateur britannique a montré comment sa R&D s’insère dans une nouvelle stratégie de mise sur le marché.
BT dispose en propre d’équipes de R&D. Plus de 10 000 personnes travaillent dans ses structures, soit à Ipswitch à une heure de Londres avec 3 300 ingénieurs et 700 provenant des partenaires technologiques, soit dans des centres situés partout dans le monde. A ces structures, BT ajoute six centres de « global development ». Une autre forme de recherche, où l’opérateur prend en main des projets des clients en apportant une couche d’innovation. Des centres situés à Kuala-Lampur, Bengalore, Belfast, Glasgow, Adastral Park, Dallas. Au total, avec l’ensemble de ces centres, BT couvre une quinzaine de grands sujets, des réseaux au big data ou aux objets connectés. En matière de big data, l’opérateur a même lancé son propre système : Assure Analytics.
D’abord les universités
BT ne compte pas uniquement sur ses propres forces, il sait aussi nouer des partenariats. D’abord avec les universités. Celle de Cambridge en premier, avec qui la coopération aboutit au dépôt de 250 brevets chaque année. Avec l’université de Tsinghua, à Pekin, BT conduit plusieurs opérations, des recherches sur les réseaux sociaux, d’autres sur les nouveaux services financiers. Cette université abrite également un incubateur. A Abu Dhabi, BT co-finance avec Etisalat l’EBITC (Etisalat and BT innovation centre), basé au sein de l’université de Kustar (Khalifa university of science technology and research). Un tout nouveau centre, né en 2009 qui devrait d’ici 2019, devenir un hub régional fédérant d’autres sources d’innovation dans la région. Le centre travaille actuellement sur un système de collecte et d’analyse des messages issus des réseaux sociaux afin de mesurer l’influence des responsables IT. BT cherche ainsi à attirer les meilleurs étudiants et leurs professeurs en co-finançant leurs recherche et à nouer des partenariats avec les incubateurs et les start-up nées dans ces universités.
Côté start-up, BT est engagé dans une politique d’incubation, visiblement assez prudente. Il s’agit de repérer les technologies issues de ces jeunes pousses et de les intégrer au catalogue de l’opérateur. Mais le terreau universitaire est privilégié ainsi que les centres de global development qui accueillent les projets des clients. « L’idée est en fait de relier tous ces clusters, universitaires ou autres, les uns aux autres », nous indique Tim Withley, le directeur général de la recherche et de l’innovation.
Du 3 terabits par seconde avec Huawei
Autre axe de recherche, celui issu des partenariats noués avec d’autres acteurs. BT vient de signer avec Huawei pour une expérimentation à 3 TB/s (3 terabits par seconde, Tbps), entre le centre de Londres et l’Adastral Park, à travers 359 kilomètres de fibre optique. C’est la première fois au monde où les réseaux très haut débit livrent des données à une telle vitesse. Huawei utilisant son commutateur de réseau OSN 9800 et sa plateforme iManager U2000. Par ailleurs, BT a fait du NFV, une « recherche stratégique » selon Tim Whitley. Elle passe par le groupe de travail spécialisé de l’Etsi dans lequel BT s’investit et travaille plus particulièrement aux côtés de HP et Intel. Le but est d’arriver à des retours d’expérience sur ce sujet encore très émergent.
Cet effort d’innovation est parallèle à la mise en place et au perfectionnement des réseaux mondiaux de BT. Onze nouveaux pops sont ouverts dans 9 nouveaux pays. Le réseau BT Ethernet Connect s’étend dans 15 nouveaux pays. Les clients de l’opérateur bénéficient de 45 datacenters dans le monde, 7 en Europe, 3 nouveaux sont en construction, en Argentine, en Australie, au Japon. Des capacités supplémentaires sont mobilisables dans 200 autres datacenters. BT veut aider ses clients grands comptes à mieux se connecter partout dans le monde à travers ses propres infrastructures.
Dernier point, évidemment non des moindres, la sécurité. L’opérateur dispose de 14 SOCS. Il a également mené un projet de recherche nommé Saturn, Self organizing adaptive technology underlying resilient networks. Co-financé par le gouvernement de Londres, c’est un programme d’analyse de données non structurées qui livre des outils de visualisation des risques, en particulier en matière de cyber-criminalité. Un volet particulier s’intéresse aux vols de câble, c’est RABIT (Rapid Assessment BT Incident Tracker). Ce système détecte en temps réel si un câble est endommagé (par vol ou par intempérie) et prévient le poste de police le plus proche. Il détecte également les lieux géographiques où se situent les vols les plus récents et donc prévoit les déplacements des voleurs de câble.’
Par Didier Barathon
Source : reseaux-telecoms.net