[Le Monde – M Technologies] L’incroyable ascension de Talend, start-up française dans la Silicon Valley

Bertrand Diard n’en revient pas vraiment. Sept ans après la création de Talend, son entreprise de logiciel informatique, il est aujourd’hui à la tête d’une société qui compte dans la Silicon Valley.

« La croissance a été hyper impressionnante, c’est parti très fort. Et ce n’est pas évident de contrôler cette ascension », avoue M. Diard, qui s’est embarqué dans l’aventure avec un associé, Fabrice Bonan, en 2006.

Leur credo depuis le départ, c’est d’homogénéiser les données pour permettre aux développeurs d’applications de proposer les services que nous connaissons tous, de Facebook à la banque en ligne.

« Les bases de données sont de plus en plus grosses, et de plus en plus hétérogènes. Il y a des textes, des images, des chiffres, des notifications de réseaux sociaux… Nous, on rend la donnée consommable par les applications, décrypte M. Diard. Ce n’est pas très sexy, d’accord, mais la bonne nouvelle, c’est que tout le monde a besoin de nous. Un peu comme les plombiers. »

De fait, le filon est porteur. Selon le cabinet américain IDC, les dépenses des entreprises dans le « Big Data » augmenteront de 30 % en 2014, pour dépasser les 14 milliards de dollars (10,2 milliards d’euros). Un gâteau qui fait saliver le Frenchy.

DES CLIENTS COMME GOOGLE ET WALMART

Celui-ci peut d’ailleurs se montrer gourmand : malgré la concurrence de géants de l’informatique comme IBM, Oracle ou SAP, Talend a déjà séduit plus de 2 500 clients. Des poids lourds comme Google, Yahoo!, Groupon, eBay, Walmart, Orange ou la BNP.

Et si M. Diard préfère taire le chiffre d’affaires de la société, il vient d’annoncer une levée de fonds de 29 millions d’euros, auprès de BPI France (pour 12 millions d’euros), d’Iris Capital (le fonds d’Orange et de Publicis, qui met 5 millions), le solde étant apporté par le fonds français idInvest, le fonds anglo-saxon Balderton Capital, le célèbre fonds américain Silver Lake et des fondateurs. Au total, Talend a levé 100 millions de dollars.

Au-delà des chiffres, c’est surtout la réussite d’une méthode : proposer un logiciel open-source aux développeurs, et les laisser convaincre leur responsable de payer pour une version améliorée. Avec ce modèle, Talend serait aujourd’hui rentable.

Autre facteur, la volonté des fondateurs d’installer dès le départ une filiale aux Etats-Unis, à Los Altos, en Californie. Bertrand Diard y vit d’ailleurs actuellement avec sa famille, juste à côté de ses grands clients.

LA R&D RESTE EN FRANCE

Le héraut français du Big Data compte aujourd’hui plus de 400 salariés dans le monde – dont 120 à Suresnes (Hauts-de-Seine), au siège de Talend, l’endroit où la société héberge ses ingénieurs. « La France est un paradis fiscal pour la recherche et le développement. Avec le crédit d’impôt recherche et le statut Jeune entreprise innovante, les ingénieurs sont trois fois moins chers qu’en Californie. En plus, ils sont très bons », souligne M. Diard

Cette jolie levée de fonds n’est qu’une étape de plus vers une introduction en Bourse. Ces derniers temps, il a coché certaines cases essentielles aux yeux des investisseurs du Nasdaq, la Bourse américaine des valeurs technologiques : quelques acquisitions pour donner plus de visibilité sur la croissance future de l’entreprise, des actionnaires de prestige capables de communiquer sur le talent de Talend, le recrutement de quelques salariés chevronnés.

Il y a trois mois, M. Diard a ainsi cédé son poste de PDG à Mike Tuchen, l’ancien responsable de SQLServer, le logiciel de base de données de Microsoft, pour devenir « chief strategy officer ». Une manière de reculer pour mieux sauter.

Par Julien Dupont-Calbo
Source : lemonde.fr

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