Une pénurie de compétences qui n’est pas près de se résorber
Les raisons de cette pénurie ne sont pas difficiles à identifier. L’usage du mobile, des réseaux sociaux et des outils analytiques rend les frontières de chaque fonction dans l’entreprise poreuses. Contrairement au passé, l’impact des technologies digitales et des outils digitaux ne se ressent pas uniquement au niveau du département IT. Cela signifie que l’amplitude des besoins en formation et en renouvellement des compétences est énorme.
De plus, chaque nouveau cycle technologique amène de nouvelles exigences de pré-requis, puisqu’il faut maîtriser les cycles précédents pour s’atteler au suivant, et ces cycles deviennent de plus en plus courts. Les employés doivent maintenant rafraîchir leurs compétences plus fréquemment s’ils veulent rester pertinents dans leur poste, dans un environnement digital en rapide évolution. Le dirigeant de l’entreprise de recherches en software SAP résume ainsi le problème : « La durée de vie d’un ingénieur en software aujourd’hui n’est pas plus longue que celle d’un jouer de cricket, soit environ 25 ans. Un jeune de 20 ans a plus de valeur ajouté qu’une personne de 35 ans ».
Pour 77% des entreprises, le manque de compétences est l’obstacle majeur à leur transformation digitale
Les entreprises commencent à reconnaître l’amplitude du problème. Notre recherche avec le MIT Center For Digital Business a révélé que 77% des entreprises considèrent que le manque de compétences digitales est l’obstacle majeur à leur Transformation digitale. Les entreprises les plus avancée en terme de digitalisation ont investi depuis longtemps dans des compétences digitales, et le programme de recherche a permis de mesurer que celles-ci sont en moyenne 26% plus profitables que leurs compétiteurs…
La pénurie de compétences crée donc une nouvelle guerre des talents, il ne suffit plus d’aller chercher des compétences spécifiques à chaque département de l’entreprise mais d’être le premier à trouver la perle rare : des compétences digitales et fonctionnelles en même temps. La chasse aux talents se manifeste à travers l’entière organisation avec une ampleur nouvelle.
Les approches actuelles sont inefficientes
Le premier problème des entreprises est que moins de la moitié d’entre elles seulement investissent dans le développement des compétences digitales. Les formations digitales, quand elles existent, ne sont pas conçues pour bénéficier au plus grand nombre. La recherche de compétences en dehors de l’entreprise est approchée de façon traditionnelle par les équipes de recrutement, alors que le ciblage de niches (incubateurs, startup) est bien plus performant. De façon générale, les équipes des Ressources Humaines doivent absolument s’impliquer activement dans le développement de ces compétences digitales, et intégrer qu’une approche traditionnelle ne donnera pas de résultats convaincants dans la guerre des talents 2.0.’
Par Stephane Paolini, Directeur Associé, en charge de la Practice People&Performance
Source : latribune.fr