Comment aider le cerveau à appréhender le big data
Images satellite, photos et vidéos, transactions commerciales, signaux GPS… Les données nous envahissent. Chaque minute, 1,7 million de milliards d’octets de données sont produits dans le monde, soit l’équivalent de 360 000 DVD. Si le volume de données ne cesse de croître, les capacités du cerveau humain pour les traiter sont, elles, limitées.
Pour repousser ces limites, les chercheurs du projet européen CEEDs – pour Collective Experience of Empathic Data System – ont eu l’idée de transposer les données massives dans un environnement interactif afin d’aider l’esprit humain à formuler plus facilement de nouvelles idées. Ils ont construit une installation, baptisée eXperience Induction Machine (XIM), qui utilise la réalité virtuelle pour permettre de «s’immerger» dans de grands ensembles de données.
Cette salle immersive multimodale, qui se trouve à l’Université Pompeu Fabra de Barcelone, contient également une panoplie de capteurs qui mesure des paramètres tels que les gestes de l’utilisateur, les mouvements des yeux ou son rythme cardiaque. Cela permet au système d’adapter en permanence, en fonction des réactions de l’utilisateur, la manière dont les informations sont présentées (voir la vidéo).
«Le système est capable de percevoir que l’utilisateur commence à fatiguer ou qu’il est submergé d’informations, et de s’adapter en conséquence, avance Jonathan Freeman, professeur de psychologie à la Goldsmiths University of London et coordonnateur du projet CEEDs. Soit il simplifie les visualisations pour réduire la charge cognitive, ce qui diminue le stress de l’utilisateur et lui permet de mieux se concentrer; soit il guide la personne vers des zones de la représentation des données qui ne sont pas aussi chargées en informations.»
De l’analyse d’images satellite à la prospection pétrolière, en passant par l’astronomie, l’économie et les recherches historiques, les applications possibles du projet CEEDs sont multiples. «Un tel dispositif peut s’avérer utile chaque fois que le volume de données est tel qu’il nécessite des efforts disproportionnés», ajoute le professeur Freeman. «Il est parfois matériellement impossible d’analyser toutes les données disponibles, simplement à cause du temps que cela prendrait. D’où l’immense intérêt de tout système capable d’accélérer cette analyse et de la rendre plus efficace.»
Dans les salles de classe virtuelles et physiques, il pourrait rendre l’enseignement plus efficace en permettant aux enseignants d’adapter leur cours au niveau d’attention des étudiants. L’Union européenne a investi 6,5 millions d’euros dans ce projet qui 16 partenaires situés dans neuf pays (Allemagne, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Pays-Bas et Royaume-Uni).
Par Xavier Biseul
source : pro.01net.com