La France bientôt championne mondiale du numérique ?
‘La France du numérique est en train de grandir. D’un point de vue politique avec des initiatives qui vont lentement mais sûrement dans le bon sens, mais plus rapidement dans les mentalités de la jeune génération, qui voyage davantage et semble avoir compris l’idée que la mondialisation est une chance. La nationalité d’une entreprise importe désormais peu dans son potentiel de succès à l’échelle mondiale.
L’Etat plus impliqué.
Si la Silicon Valley aspire toujours une grande part des investissements mondiaux dans la technologie, d’autres zones parviennent à tirer leur épingle du jeu. Paris est aujourd’hui le deuxième plus grand centre technologique d’Europe après Londres. Et les forces vives du numérique se trouvent aussi dans toutes les régions de France comme le démontre actuellement la mise en place des pôles de compétitivité de la French Tech, lancée par Fleur Pellerin fin 2013. L’Etat a fait du développement du numérique une priorité pour la croissance et semble décidé à passer la vitesse supérieure comme l’a récemment confirmé Emmanuel Macron avec son alliance franco-allemande du numérique. Il peut en plus compter sur le soutien du patron-milliardaire Xavier Niel, aux initiatives (Ecole 42, Halle Freyssinet pour les starts-ups) bienvenues.
Des investisseurs plus confiants.
L’Etat représente toujours le premier investisseur dans le numérique via le capital-risqueur Bpifrance avec 89 millions d’euros en 2013, mais l’investissement total dans les écosystèmes numériques français représente 911 millions, en progression de 16% par rapport à 2012. Preuve que les investisseurs commencent à faire confiance aux entrepreneurs français et qu’un changement de mentalité s’est opéré, avec désormais des objectifs internationaux. Grâce à des levées de fonds conséquentes, plusieurs entreprises françaises ont montré l’exemple ces dernières années en transformant ces investissements en réussite internationale, dont les success stories les plus célèbres se nomment Criteo ou BlaBlaCar.
De nouveaux modèles économiques plus ouverts.
La technologie évolue rapidement, et le business s’adapte, dans la filière logicielle notamment. Le modèle économique en place depuis des décennies, à savoir l’achat d’une licence, se voit bousculé aujourd’hui par l’arrivée de nouveaux modèles comme le SaaS ou encore l’Open Source. Ce nouveau mode Freemium qui permet d’adopter une solution avant de payer un abonnement a permis à des sociétés françaises d’innover et d’émerger plus facilement au niveau international comme Talend dans le Big Data ou Bonitasoft dans le BPM (Gestion des Processus Métiers).
Les Français déjà reconnus dans la Silicon Valley.
Construire une réussite internationale depuis la France est possible si l’on dispose d’une équipe multiculturelle et que l’on signe les bons partenariats. Mais à partir d’une taille critique et pour gagner en crédibilité, mettre un pied dans la Silicon Valley, et ainsi se connecter avec le cœur de l’écosystème mondial, peut grandement aider. Et ce n’est pas le français Marc Fleury, qui a monté sa start-up spécialisée dans les serveurs d’applications JBoss pour la revendre 7 ans plus tard à 360 millions de Dollars, qui dira le contraire. Les ingénieurs informatiques français sont aujourd’hui respectés dans la Silicon Valley et partout ailleurs dans le monde pour leur expertise dans le développement et les architectures systèmes.
Le Big Data en ligne de mire.
Si un géant mondial du numérique devait naître en France, cela pourrait avoir lieu dans le secteur du Big Data, où les Français sont bien positionnés avec de multiples start-ups évoluant dans le sillage de Criteo ou Talend, comme la jeune pousse à fort potentiel Dataiku, et des formations de « Data Scientist » qui se mettent en place dans les grandes écoles. Les politiques et les industriels mesurent bien l’importance de la bataille qui va se jouer dans le Big Data puisque 2,5 milliards d’euros devraient être injectés en Europe dans ce secteur, qui pourrait représenter 130 000 emplois en France d’ici 2020.’
Par Miguel Valdès-Faura, PDG et co-fondateur de Bonitasoft
Source : pro.01.net