[L’Usine Digitale] L’ECE pousse ses élèves à déposer des brevets ou à créer des start-up

L’école d’ingénieurs spécialisée en informatique et électronique porte depuis deux ans un projet ambitieux pour que tous ses élèves des deux dernières années valorisent leurs projets par une publication, une participation à un concours, une création de startup, etc …

Grande toilette de printemps sur le nouveau campus d’ECE, dans le quinzième arrondissement de Paris. Dominée par une tour Eiffel qui pointe au-dessus des immeubles environnants – un attrait pour les étudiants étrangers – la cour de l’ancien siège historique de DCNS accueille quelques pelouses fraichement installées, tandis que des ouvriers s’affairent à nettoyer les murs vitrés. L’ECE et les autres écoles du groupe d’enseignement privé américain Laureate International Universities (EBS, ESCE, IFG, IT Eiffel) s’apprêtent à recevoir Tony Blair, l’ancien premier ministre britannique…

L’ancienne Ecole centrale de TSF est née après la première guerre mondiale pour former des opérateurs radio. Elle s’est ensuite spécialisée dans l’électronique, puis ouverte à l’informatique. Elle forme des ingénieurs en cinq ans, et ses locaux abritent toujours de petits laboratoires de soudure, pour l’électronique. « Aujourd’hui, son cœur technologique bat autour de trois domaines, précise son directeur, Christophe Baujault. Les systèmes embarqués, les télécoms et réseaux, les systèmes d’information. » Soit trois des sept majeures proposées aux élèves de quatrième et cinquième années, avec transports et mobilités, ingénierie financière, énergie et environnement, santé et technologie.

Cette petite dernière, créée il y a trois ans, permet aux futurs ingénieurs de suivre des cours de physiologie humaine et d’échanger avec des médecins. Elle est particulièrement appréciée des anciens étudiants de première année de médecine, entrés en mars en première année (préparatoire) de l’ECE, sans perdre d’année universitaire. Et demandée par les filles. Elles représentent 20% des effectifs de l’école, mais sont très inégalement réparties dans les majeures.

Les projets étudiants doivent tous déboucher sur une valorisation

Il y a deux ans, une initiative pédagogique de l’ECE a été retenue au titre des Investissements d’avenir : l’Initiative d’excellence en formations innovantes (IDEFI) « Valorisation des projets étudiants » (VPE). Tous les élèves de 4è et 5è années doivent valoriser leur projet étudiant – monté par équipe pluridisciplinaire de cinq – sous une de ces six formes : création de start-up, publication d’un article scientifique, dépôt d’un brevet, contribution à un logiciel libre, innovation en partenariat avec une entreprise ou un laboratoire, participation à un concours d’innovation national ou international.

L’an dernier, 29 articles ont été publiés. Pas dans des revues scientifiques, mais dans les actes de colloques internationaux où les étudiants ont dû présenter leurs travaux. 6 brevets ont été déposés et 10 entreprises créées ! « Un parcours typique consiste à déposer un brevet en 4è année, et une fois que l’élément est protégé, à monter un projet de création d’entreprise, puis à candidater pour l’incubateur », explique David-Olivier Bouchez, responsable du programme VPE. Venu du monde des pôles de compétitivité et du conseil, il est étonné, pour les publications scientifiques, du très bon accueil réservé par les chercheurs à des jeunes qui ne sont même pas encore diplômés : « Les laboratoires de recherche fondamentale ont de plus en plus besoin de montrer des résultats concrets, les écoles d’ingénieurs peuvent les y aider. »

Grâce à l’apport de 1,5 million d’euros sur cinq ans des Investissements d’avenir, des experts en propriété intellectuelle peuvent être consultés, un incubateur a été ouvert, les déplacements des étudiants partis soutenir oralement leurs articles à Cape Town ou Sydney, sont pris en charge.

Dans une salle de cours, un élève teste son programme de déplacement d’un petit véhicule sur chenille conduit par un robot de l’entreprise Aldebaran. Un projet innovant monté à la demande de l’industriel. Plus loin dans les couloirs, des étudiants arrêtent le responsable de la majeure « Systèmes d’information » : « On va en finale ! » Leur projet de géolocalisation de Velib volés, sur un serveur basse consommation, sera parmi les six finalistes du challenge « Nouvelles mobilités » de Paris Saclay. « La VPE est extrêmement stimulante pour les élèves, mais aussi pour les enseignants et les responsables de l’école », conclut David-Olivier Bouchez. Le projet est noté, la valorisation aussi.

Deux années de cours en anglais

Dans une salle de cours, un ergonome reprend son cours en anglais après la pause. A partir de la 4è année, les élèves peuvent décider de suivre tous leurs cours, pendant deux ans, en anglais. Dans la majeure « systèmes d’information », les deux tiers des élèves ont choisi la langue de Shakespeare.

L’école revendique une coloration très techno, « parce qu’il faut former des ingénieurs experts et opérationnels », explique le directeur. Mais elle propose à ses diplômés des ouvertures vers d’autres univers, en cinquième année, s’ils le souhaitent. Vers des écoles de commerce, et notamment vers EBS, une école du groupe, pour travailler sur l’aspect marketing du big data. Vers le design, avec mineure de 4è année en création numérique et une option de 5è année sur le design. Une enseignante des Beaux Arts intervient même à l’ECE. « Il faut ouvrir l’esprit de nos étudiants, vers d’autres savoirs, mais aussi vers la vie associative, l’entreprise, conclut le directeur de l’ECE. Il est important de les préparer à avoir des antennes vers l’extérieur ». Logique, pour une école qui a démarré avec la TSF…

Par Cécile Maillard


« Ce que j’ai aimé dans cette école : elle colle au marché, s’adapte »

Pierre Duchesne, diplômé 2009, 26 ans, président d’Avob, startup créée avant l’obtention de son diplôme

« C’est à l’ECE que j’ai muri ma création d’entreprise, tout au long de mes cinq années de formation, dans les démarches projets. J’ai suivi la majeure Télécommunications et réseaux, mais sur les projets, je travaillais avec des étudiants d’autres spécialités. Mon idée était de créer un logiciel de gestion énergétique des parcs informatiques. J’ai eu un vrai choc quand j’ai suivi la mineure ‘Energie et environnement’. Tout ce que j’entendais confortait mon idée que la gestion de l’énergie dans une optique de développement durable intéressait les grandes entreprises et était une piste d’avenir. Deuxième moment fort de mon cursus : la présidence du BDE, en troisième année. J’ai appris à gérer un budget, manager une équipe, prendre des décisions. Certains membres de l’équipe du BDE travaillent d’ailleurs aujourd’hui avec moi. L’école nous apprend aussi la création d’entreprise, le management interculturel, très important pour travailler avec des Américains ou Japonais, elle nous accompagne pour la propriété intellectuelle. J’ai trouvé des investisseurs et de premiers clients avant la fin de mon stage de cinquième année. L’école a accepté que le lancement de mon entreprise Avob valide le stage. L’entreprise a démarré à trois, nous sommes aujourd’hui une trentaine. L’année après l’obtention de mon diplôme, l’ECE ouvrait son incubateur, la mineure environnement devenait une majeure, puis démarrait la valorisation des projets étudiants, qui ressemblait beaucoup à ce que j’avais fait. C’est ça que j’ai aimé, dans cette école : elle colle au marché, s’adapte. »

L’école en quelques chiffres
ECE, Ecole centrale d’électronique
Date de création : 1919
Recrutement : Concours avenir (post-bac) ; dossier, entretien (post-bac+2).
Durée des études : 5 ans (ou 3 ans)
Diplôme : ingénieur
Coût (2013) : 42 000 euros les 5 ans, 26 100 euros les 3 dernières années.
Salaire de sortie brut annuels : 37 600 euros
Nombre d’élèves en 2013-2014 : 2020
Nombre d’anciens élèves : + de 7000
Localisation : Paris
Durée obligatoire des stages : 12 à 13 mois en 5 ans
Nombre de partenariats à l’étranger : 83, dont 13 doubles diplômes

Source : usine-digitale.fr

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