[Atlantico] Il est urgent que les entreprises françaises se mettent au big data

Luc Bretones – G9+ : Il est urgent que les entreprises françaises se mettent au big data

Le G9+, think tank numérique, organise une conférence le 26 Juin avec des spécialistes du Big Data Prédictif. Cette discipline transverse à tous les secteurs de l’économie permet de révéler des des comportements grâce aux données et ainsi les anticiper. Une mine d’or pour les entreprises qui génère croissance et compétitivité, estime Luc Bretones, vice-président de l’Institut G9+.

Atlantico Business : Quels leviers de croissance offre cette transition vers le Big Data aux entreprises en termes de compétitivité et de croissance ?

Luc Bretones : L’analyse offerte par le Big Data monte en puissance dans tous les secteurs économiques. Certains spécialistes expliquent que ce phénomène représente une rupture similaire à l’apparition du télescope ou du microscope. Le Big Data explique que, plutôt que de s’intéresser au « pourquoi », on peut regarder seulement le « quoi ». On peut trouver des choses beaucoup plus puissantes et beaucoup plus exploitables immédiatement. Dans le transport on va optimiser la circulation pour proposer le meilleur trajet et éviter les embouteillages, dans la santé on va pouvoir détecter des fraudes, supprimer des consultations inutiles, développer la  prévention des maladies ou de leur propagation.

Les données disponibles sont comme un tableau impressionniste : quand on regarde de près, on ne voit rien. Mais quand on prend du recul, on est capable d’analyser énormément de données. Le cabinet McKinsey a chiffré entre 100 et 190 milliards de dollars d’économies potentielles sur le marché américain uniquement dans la santé. On arrive assez bien à voir toujours dans la santé ce que cela pourrait donner en Europe. Une autre étude parle de 300 milliards par an sur la santé sur la prochaine décennie. Toutes les entreprises ont la possibilité de se mettre au Big Data et il est urgent de le faire parce que l’exploitation des données va générer assez rapidement des différences très fortes de compétitivité entre les entreprises quelque soit le secteur.

Les entreprises récoltent de plus en plus de données nous concernant, cela ne pose-t-il pas un problème de vie privée ?

L’important, c’est d’avoir un régulateur qui protège le citoyen-consommateur. Sinon, les citoyens vont s’organiser eux-mêmes en un contre-pouvoir. En France, la CNIL fait un travail nécessaire qui ne doit pas être non plus excessif pour s’assurer que les données sont utilisées à bon escient. Il est clair que si vous devez analyser des CGV qui font 25 pages, vous ne les lisez pas. Le plus souvent, le consommateur français est piégé par certains grands acteurs, souvent Américains. Ils fournissent certes des services gratuits mais ils abusent, dans un certains nombre de cas, du client. Par exemple, des constructeurs de téléphone n’expliquent pas que l’on récupère beaucoup d’informations sur les appels, sur les carnets d’adresse, sur les SMS… Mais chez nous, c’est l’Europe qui doit agir. Il faut développer un système de régulation bien plus transverse que ce patchwork de régulations par pays qu’on connait dans l’Union. Cela pénalise pour l’instant les acteurs économiques qui ne profitent pas d’un marché unifié. Nos politiques devraient travailler à acter un grand espace européen régulé correctement avec, bien entendu, des enjeux de souveraineté économique et nationale et européenne, puisque ces données véhiculent de la confidentialité des échanges des entreprises.

Sur ce secteur, l’exemple de réussite dans l’hexagone c’est Critéo qui est désormais côté aux États-Unis. L’écosystème français n’est pas assez accueillant ?

Comme beaucoup d’autres entreprises innovantes à un moment, on a besoin de capitaux. Les motifs de migration sont plutôt liés au marché des financements plutôt qu’au fait qu’il n’y a pas les bonnes ressources en Europe. Mais il est vrai que pour se grandir aujourd’hui en Europe on a besoin encore d’augmenter les capacités de financement. Les choses sont en route, Fleur Pellerin et Axelle  Lemaire ont fait un vrai travail de ce coté-là. L’autre point, c’est aussi que la France a des ingénieurs qui sont spécialisés en gestion statistique et en data qui sont très forts, mais trop peu nombreux.

C’est une ressource humaine très rare. D’ailleurs, les entreprises étrangères se les arrachent. Des start-ups sont très bien positionnées sur les objets connectés qui vont générer le Big Data de demain et les grands groupes se penchent énormément sur les Data en particulier les télécoms, les banques, les assurances, le retail et le transport.

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